On me pose régulièrement des questions à propos de mon activité de romancière. C’est une profession que tout le monde a la sensation de connaître et pour autant, qui intrigue énormément. Qui est l’auteur ? Comment travaille-t-il ? Et surtout, à partir de quel moment peut-on se qualifier de professionnel de l’écriture ? Aujourd’hui, je souhaitais vous parler du métier d’écrivain, en toute transparence, pour donner un peu de courage aux jeunes auteurs qui se sentent démunis face à nos conditions de travail.
Quelle définition pour ce métier méconnu ?
Lorsque j’interviens dans les écoles pour parler de mon parcours, je commence toujours par demander aux élèves de définir le métier d’auteur.
Les enfants répondent invariablement la même chose : « c’est quelqu’un qui rédige des livres », « c’est une personne qui est capable d’imaginer une histoire », « c’est un homme ou une femme qui écrit ».
Pourtant, quand je pose la question à des adultes, et en particulier à de jeunes auteurs auto-édités, voici leurs réponses : « c’est quelqu’un qui vit de sa plume », « c’est une personne qui est publiée dans une maison d’édition », « c’est un homme ou une femme qui arrive à vendre ses histoires ».
Que remarque-t-on ?
Les enfants décrivent l’essence de ce métier, alors que les adultes tiennent compte du salaire et de la reconnaissance qu’il apporte.
Si on se réfère au dictionnaire, l’écrivain est une personne qui compose un ouvrage littéraire.
Il n’évoque aucune notion d’argent ou de légitimité accordée par un professionnel de l’édition.
À partir de quand est-on auteur ?
J’imagine que vous risquez de souffrir du syndrome de l’imposteur un long moment si vous attendez de remplir des objectifs chiffrés pour vous prendre réellement au sérieux. Vous ne gagnerez peut-être que quelques centaines d’euros pas mois pendant des années et aurez probablement toutes les peines du monde à vous faire éditer malgré un talent indéniable. Et vous savez quoi ? C’est normal. Se lancer dans l’écriture, c’est comme créer son entreprise. Il faut des années pour être rentable.
Si vous doutez encore de vos compétences, sachez que sur environ 100 000 auteurs professionnels recensés en France, seulement 8% gagnent le SMIG ou plus. Cela signifie que 92% des auteurs que vous connaissez cumulent souvent deux emplois.
Comme le disent si bien les enfants, un romancier est d’abord quelqu’un qui écrit. Ce n’est pas une personne qui gagne beaucoup d’argent en vendant des milliers d’exemplaires, pas quelqu’un publié par une grande maison d’édition. Vous accédez au statut d’auteur dès que vous écrivez, tout simplement.
Alors, lorsque vous allumerez votre ordinateur pour consigner vos premières idées de roman, rappelez-vous une chose : vous êtes déjà écrivain. Surtout, vous êtes la seule personne à pouvoir croire en vous aussi fort. On ne vous considérera auteur que si vous en êtes réellement convaincu.
